Le premier Jour de l’année 2015, notre maestro Rodolfo Dinzel nous a quitté, il avait formé avec Gloria Dinzel, depuis plus de 40 ans le célèbre couple : Los Dinzel.
Rodolfo Dinzelbacher est né à Buenos Aires en 1950. Dans une interview avec Alejandra Toronchik et Juan Pablo Güerri, publiée sous forme de livre en 2012, il disait qu’il avait reçu le seul enseignement formel sur la danse entre 4 et 8 ans : « Il y avait une devise dans ma maison, tenue par mon père : ses enfants devaient apprendre, avant d’aller à l’école, une discipline artistique. J’ai commencé à étudier les danses folkloriques argentines à l’âge de 4 ans. Par la suite, je n’ai jamais plus eu un professeur de danse ».
Il a ainsi dansé le Folklore argentin très jeune et à l’adolescence, il a réuni l’argent pour aller à la campagne, « parce que je dansais le Malambo, mais je n’avais jamais vu un gaucho ». Dès l’âge de quatorze ans il fût danseur professionnel de Folklore et à partir de dix-sept ans il découvrit la Milonga – à une époque où ne dansaient que les vieux – et par la même occasion il découvrit une passion qui deviendra inextinguible.
A dix-huit ans, il forme un couple de danse avec Gloria pour la première fois – ils se marièrent par la suite – pour une émission de télévision. Ils reprennent chacun leur chemin un temps jusqu’à ce que, après s’être mis officiellement en couple, ils intègrent la compagnie de Juan Carlos Copes à laquelle appartenait Dinzel. Mais ce n’est qu’en 1972 que les caractéristiques particulières du style Dinzel commencent à prendre forme, alors qu’ils sont appelés pour accompagner l’architecte César Pelli dans une tournée aux Etats-Unis. Ils devaient danser sur des diapositives géantes d’Argentine et ce fût la première fois qu’ils se présentèrent comme couple soliste. De 1985 à 1989, ils font partie de l’équipe du légendaire spectacle Tango Argentino de Claudio Segovia et créent l’académie de Los Dinzel en 1991.
Il est impossible de parler de « Cacho » sans parler de Gloria, dont il dit : « J’ai eu la chance de danser avec la meilleure danseuse de Tango au monde, la chance de rencontrer cette personne qui peut être ton amie, ton amante, ton épouse, la mère de tes enfants, ta mère, ton guide ». Ensemble, ils ont partagé la scène de « El Viejo Almacén » et des grands théâtres du monde entier. Ensemble, ils ont créé l’Université du Tango et ensemble, ils ont mis au point un système d’enseignement de la danse qui est finalement adopté par le Théâtre Bolshoï de Moscou.
Dans le livre mentionné plus haut, Cacho Dinzel se souvient du grand Leopoldo Federico, mort récemment : « Il fût quelqu’un qui m’a beaucoup influencé ; au Viejo Almacén, il faisait son entrée sur scène puis nous faisait la place pour danser et allait jouer avec les autres bandonéons. Ensuite, il venait dans les loges pour nous demander s’ils avaient joué correctement, si ça ne nous avait pas paru trop rapide. L’humilité d’un grand ».
Texte traduit de Laura Falcoff, pour Clarin du 3 janvier 2015.
-> Voir l’Entrevue : « Al diván con Rodolfo Dinzel », réalisée quelques jours avant sa mort …